Que le jeu commence [Pv. Roman]

J'étais à présent en dernière année de Danse. Il m'arrivait d'avoir un petit pincement au coeur en y pensant. Voilà presque cinq ans que je vivais sur le campus, dans ma fraternité étudiante qui était devenue comme une deuxième famille pour moi. Puis c'était durant ma première année à l'université que j'avais découvert mes pouvoirs et ma nature de sorcier... Ne plus pouvoir combattre le Mal sur le campus au jour le jour, ça allait me faire étrange. Et dieu seul sait tous les êtres démoniaques qui peuvent y fourmiller en cherchant de jeunes innocents à tuer. Mais pour l'heure mon année scolaire n'était pas encore terminée et je n'avais pas encore mon dernier diplôme en poche, il allait encore falloir travailler dur.

Ce soir pourtant, l'heure n'était pas à l'étude mais à la fête. Une nouvelle salle de danse venait d'être construite sur le campus et le corps universitaire et spécifiquement les étudiants de danse de toutes les années confondues, étaient conviés pour l'inauguration. J'enfilait alors un joli costume, pas que je m'y sente à l'aise, mais au vu de la réception, cela était de rigueur. Je quittais ma maison de fraternité et me mis en chemin pour le vernissage. Il faisait froid, l'hiver était déjà bien installé sur la ville. En arrivant, je vis la petite foule affluer vers l'entrée où l'on distribuait une coupe de champagne à chaque convive. Quand j'arrivais à mon tour, on prit mon manteau au vestiaire puis je ne fis pas exception et me retrouvais avec un verre à la main.

Une fois tout le monde à l'intérieur, dans le hall, devant une porte close qui devait donner sur la nouvelle salle, le Doyen de l'Université arriva avec un micro à la main. Il y avait à coté de lui un homme que je ne connaissais pas. Je devais cependant avouer qu'il se dégageait de lui un charisme et un charme assez impressionnant. Le doyen fit son discours pour l'ouverture de la salle de danse en remerciant tout particulièrement cet homme, M. @Roman Lockhart qui visiblement était le donateur qui permis la construction de cette salle.

Après les applaudissements et le toast, les portes s'ouvrir et tout le monde se précipita pour voir la salle. J'entrais à mon tour et il fallait bien avouer qu'elle était magnifique. Un immense parquet ciré, des murs recouverts de miroirs, on aurait dit une galerie des glaces. Il y avait même un gradin pour accueillir du public ou pour que les étudiants s'assoient pour écouter ou regarder. A coté il y avait également deux portes menant à des vestiaires, chacun avec des cabines de douche et des rangements... Il fallait bien avouer, ils avaient mis le paquet, elle n'avait rien à voir avec notre petite salle actuelle. J'étais presque jaloux que ça soit ma dernière année et que j'allais profiter de cette salle que quelques mois...

Tout le monde y allait de ses commentaires, positifs ou plus mitigés. Les profs des autres matières jalousaient et s'offusquaient qu'il y ait eu autant d'argent dépensé pour cette salle alors que Eux qui avaient des laboratoires ou des cours avec des "vrais" matières auraient aussi aimé de nouveaux locaux... Je m'assis sur les gradins en regardant cette foule effervescente. Je m'imaginais déjà allumant le système son et commençant à danser sur ce sublime parquet avec tout ce grand espace pour me mouvoir comme j'en aurai envie...

Que le jeu commence.

feat @Lucas Mitchell

On n’attrape pas les mouches avec du vinaigre. Comme le suggérait l’adage populaire, Roman avait choisi de mettre toutes les chances de son côté pour approcher sa cible sous les meilleurs auspices. Le stratagème s’était pourtant avéré d’une facilité déconcertante à mettre en place. Étape 1 : faire suivre le petit dernier du clan Halliwell (qu’il ne savait uni à sa famille que par un nom de famille apposé sur un bout de papier par sa mère adoptive) et apprendre davantage sur ses habitudes, goûts et désirs. Étape 2 : utiliser son fonds d’investissement, le Hellfire Incorporated, pour subventionner la construction d’une toute nouvelle salle de danse, dont il avait fait expédier les travaux en quelques semaines à peine. Étape 3 : feindre une rencontre par le plus grand des hasards en se faisant passer pour un innocent bienfaiteur mué par une certaine passion pour l’expression artistique. L’étape 4 et les suivantes viendraient plus tard, une fois le naïf petit Halliwell dans sa poche. Son but ultime ? La destruction pure et simple de tous les Halliwell. Cette lignée aux services des Fondateurs n’avait que trop duré ; Roman s’assurerait qu’elle soit intégralement exterminée.

Alors que le Doyen l’introduisait dans son discours, Roman adressa un signe rapide de la main à la foule qui l’entourait et scanna rapidement la grande pièce à la recherche de la seule personne qui l’intéressait ce soir, celui pour lequel il avait mis en place toute cette mascarade. Il finit par repérer le joli blond au fond de la pièce, et le garda dans sa vision périphérique jusqu’à ce que le discours d’inauguration du Doyen prenne fin et qu’il puisse quitter la petite estrade.

Les convives se pressaient désormais vers la nouvelle salle, digne d’un petit palace. Roman attrapa deux coupes de champagne sur le plateau d’un serveur qui passait par là et ignora royalement les paroles des différents convives qui tentèrent de l’approcher. La Source n’avait que faire de ces humains de pacotille, et Roman ne comptait plus s’y abaisser alors que sa cible était si proche. Du regard, il suivit le jeune Lucas Mitchell, l’objet de toute son attention, et le vit s’installer dans les gradins à l’écart des groupes. Roman ne put s’empêcher de sourire : c’en était presque trop facile.

Quelques minutes plus tard, il se laissa tomber à côté du beau blond en poussant un soupir. « Enfin un peu de calme par ici ! » Il desserra légèrement le nœud de sa cravate. « J’espère que vous ne m’en voudrez pas d’esquiver les serrages de main à vos côtés quelques instants. Être le centre d’attention d’une foule mondaine n’a jamais été mon truc préféré. » Il tendit l’une de ses deux coupes à Lucas, comme si le jeune homme allait lui rendre service en le débarrassant de l’un des verres. « Champagne ? »

Son regard parcourut rapidement l’architecture imposante et tape-à-l’œil de la nouvelle salle. Il n’avait pas prêté la moindre attention aux plans qui avaient été conçus par son équipe mais il comprenait mieux désormais pourquoi le projet lui avait coûté une telle fortune. Il siffla doucement entre ses lèvres. « Mon architecte y est allé un peu fort, non ? Je m’attends presque à voir débarquer la cour du Roi Soleil à tout instant, on se croirait à Versailles. » Sourire aux lèvres, il reporta son attention sur le sorcier. « Pardon, où sont mes manières ? Je m’appelle Roman. » L’air charmant et décontracté, il tendit son imposante main vers le jeune Halliwell, louant le destin que ce dernier ne soit doué ni de télépathie ni de visions de l’avenir.

J'aimais danser, c'était une grande partie de ma vie, c'est ce qui me permettait de me recentrer sur moi-même. Pas de démons, pas de magie, pas de question de vie et de mort, juste la musique et le mouvement. Si j'étais quelqu'un de plutôt avenant, je me perdais rapidement dans les grandes soirées mondaines, préférant me tenir à l'écart et ne pas me faire remarquer en attendant la fin. J'étais donc là, posée sur les grands gradins hors de la foule de gens qui se saluaient et discutaient de toute part en buvant leur verre de champagne. Je n'avais aucune envie de m'y mêler, pour leur dire quoi? Que c'est joli? Tout le monde peut le constater. Mais une présence me tire de mes pensées. Voilà que le grand donateur à l'origine de cette soirée vient s'asseoir à coté de moi. Je suis pris de cours, je sens déjà mes joues rougir.

"Aucun problème, prenez place, merci beaucoup"

Répondis-je en prenant le verre de champagne qu'il me tend. Je l'écoute parler de la salle, je rigole doucement. Visiblement, il a l'air de ne pas avoir suivi grand chose des travaux, juste d'avoir signé le chèque.

"Vous voulez-dire que vous ne saviez pas à quoi allé ressembler la salle que vous avez vous-même financé? Mais oui effectivement, il y a la place pour toute la cours du Roi. D'ailleurs je crois que la votre vous attends en bas de ces gradins."

Lui lançais-je un brin taquin mais gentiment. Puis je trinque avec lui,

"Enchanté Roman, je m'appelle Lucas."

Je n'ai pas pour habitude d'être en présence d'un homme qui dégage autant de prestance et qui peut se permettre de se payer une salle entière sans même regarder la dépense... Mais ça n'est pas pour m'impressionner. Je sais ce que je vaux, et l'argent ne fait pas tout puis je n'ai pas à rougir, je sauve régulièrement le monde sauf que pour moi personne n'est au courant...

"Je peux vous poser une question indiscrète? Est-ce que ça vous arrive souvent de construire des salles de danse pour des universités?"

Lui demandais-je avant de boire une gorgée de champagne. Après tout, l'université disposait déjà une salle de dans encore en bonne état, même si moins spacieuse et confortable que celle-ci. C'était peut être un délire de grand riche?

Que le jeu commence.

feat @Lucas Mitchell

Loup déguisé en agneau, Roman avait réussi à approcher sa proie avec une subtilité relative. L’homme d’affaire se fendit d’un rire amusé en entendant l’étudiant commenter l’apparence de la salle. « Je n’ai malheureusement pas autant de temps que je le souhaiterais pour superviser en personne mes projets caritatifs… Mais si vous avez des idées d’autres bâtiments qui pourraient bénéficier de travaux, vous savez qui contacter, maintenant ! » Il haussa les épaules, feignant un intérêt profond pour l’art et l’éducation. « Quant à la cour dont vous parlez, ils risquent de m’attendre un moment. Ces vautours cherchent toujours à profiter de ces soirées en beau comité pour me convaincre d’investir dans leur dernière start-up… Je ne suis pas venu ici pour ça. »

Il trinqua ensuite avec le jeune Mitchell, qui se présenta à son tour, comme si Roman ne savait pas exactement à qui il adressait. « Lucas… » répéta-t-il dans un souffle chaud, en faisant rouler son prénom sur ses lèvres comme s’il le disait pour la première fois. « Je tâcherai de m’en souvenir. » Nouvelle gorgée de champagne. Roman savait qu’il aurait dû se sentir un tant soit peu tendu de mener ce jeu de dupes ; tant de choses pouvaient déraper. Mais mentir à Lucas lui semblait d’une facilité déconcertante. Aussi, quand l’étudiant lui demanda s’il faisait souvent construire des salles de danse, il se pencha dans sa direction sur le ton de la confidence, une main sur l’épaule de Lucas. « Vous pouvez garder un secret ? » Ses lèvres étaient dangereusement proches de l’oreille du blond, si bien qu’il aurait pu la lui arracher d’un coup de mâchoire. Un peu de chair tendre… « Mon père est responsable d’un incendie qui a brûlé plusieurs bâtiments universitaires dans les années 70. Je voudrais pouvoir réparer ses erreurs. La famille, vous comprenez ? C’est toujours si compliqué… » Une histoire montée de toutes pièces, évidemment. De manière générale, Hellfire Incorporated avait, d’une façon ou d’une autre, les mains dans toutes les nouvelles constructions de San Francisco. Un moyen pour Roman d’infiltrer les affaires humaines pour y étendre son influence corruptrice.

La Source termina son verre d’un trait et étira ses larges épaules d’un air satisfait. « Je ne suis pas du genre à m’attarder outre-mesure dans les soirées qui m’encensent. Maintenant que j’ai pu voir à quoi ressemble la salle Lockhart, je vais filer par une porte dérobée avant que le doyen ne me remette le grapin dessus… » Il se leva, réajusta son col, et posa une main amicale dans le dos du sorcier. « Ce fut un véritable plaisir, Lucas… » Avait-il réussi à hameçonner le sorcier ? L’instant suivant serait déterminant. Il fit quelques pas vers la sortie avant de s’arrêter. « Oh, une dernière chose… » Il tenta de cacher son sourire carnassier derrière une expression amusée. « Je meurs de faim, vous sauriez où je peux manger dans le coin ? Je connais malheureusement très mal le campus. »

Même si j'étais quelqu'un de plutôt chaleureux et avenant, je n'avais pas pour habitude de prendre des bains de foule et de passer mes soirées dans les mondanités. Pourtant cela allé devenir partie prenante de mon travail, en tant que danseur, après les représentations, il fallait toujours faire des bains de foule pour remercier le public et se constituer son réseau. Ce n'était clairement pas l'aspect que je préférais dans mon futur métier, mais en même temps, il y avait pire que d'échanger des banalités et recevoir des compliments en buvant une coupe de champagne. Pour l'heure me voilà en compagnie de @Roman Lockhart , un homme visiblement influent et séduisant, je n'avais donc pas non plus à me plaindre.

L'homme savait visiblement de quoi il parlait, d'avoir l'habitude de ce genre de soirée où chacun allait en flatterie pour obtenir des subventions et de l'argent, ainsi allait le monde. Pour ma part, je préférais jouer la carte de l'authenticité et me débrouiller par moi-même pour ne rien devoir à personne. Ce que je gagnais, je le devais à mon travail et la sueur de mon front. Mais la discussion pris une tournure à laquelle je ne m'attendais pas, voilà que le bel inconnu friqué me fit une confidence sur son père, juste après m'avoir dit qu'il "tenterait" de se souvenir de mon nom.

-Votre secret sera bien gardé. Même si vous êtes un homme surprenant... Vous faites des confidences à une personne dont vous n'êtes même pas sur de retenir le nom.

Lui répondis-je sur le ton de la confidence en rigolant doucement. Comment un homme de son rang pouvait prendre le risque de faire fuiter une telle information? Il me désarçonnait je devais bien l'admettre.

Oui je comprends bien, la famille et ses complications...

La mienne était grande et... compliqué. On rajoutait la magie et on obtenait un cocktail explosif. Entre notre devoir, celles et ceux qui souhaitent prendre leur distance pour tenter de vivre une vie normal, celles et ceux qui prennent des chemins escarper, sans compter toutes les menaces que l'on doit affronter presque quotidiennement... Mais Roman reprend la parole après avoir terminé son verre d'une traite, il veut s'en aller avant qu'on ne lui remette le grapin dessus, ce que je peux tout à fait comprendre.

Oui filez vite, si il faut je ferai diversion... C'est un plaisir partager Roman.

Lui répondis-je amusé tout en finissant à mon tour mon verre. Je m'attendais à finir cette soirée seul, sur mon gradin, attendant tranquillement que la soirée se termine pour partir. Mais Roman repris, alors qu'il s'apprêtait à sortir par la porte arrière, me demandant où il pouvait trouver à manger,

J'ai bien peur qu'il n'y ai pas de restaurant cinq étoiles dans les environs... Mais en sortant du campus sur votre gauche, en tournant après le bâtiment de l'Université de droit, il y a un endroit qui fait de très bonnes pizzas.

Lui rétorquais-je l'air amusé par la situation. Mais quelque chose clochait, comme tout le monde il avait un téléphone, surtout un dernier cri vu son niveau de vie. Quelques cliques et il aurait pu trouvé, est-ce que je me faisais des idées ou est-ce que cela était une invitation déguisée? Non c'est moi qui devait mal interprété, qu'est ce qu'un homme comme lui inviterait un gars comme moi? Vu son physique et sa renommée, il devait avoir toutes les femmes et les hommes à ses pieds, pas la peine de s'encombrer d'un banal étudiant en danse.

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