T'inquiète pas, ça va bien se passer

Race magique : De part tes parents, ton être est composé en partie d'être de lumière et de sorcière. Hélas, trop d'instabilité magique en toi te rend difficile de réussir une potion, mais pas impossible ! La théorie est que tes échecs sont liés à ta magie destructrice, elle-même impactait par les variations de ton humeur, comment en serait il autrement, vu que tu suis à la lettre les instructions ? À défaut, les paroles enchanteresses des incantations te sont plus accessibles et la localisation ne t'a jamais posé de problèmes. La présence d'esprits errants te demandant de l'aide ne te dérange pas, tu y es habituée. Bien que cela t'affecte quand ça touche ton travail. En revanche, l'action, est quelque chose dont tu es maîtresse. Force de frappe. Il ne fait pas bon d'être ton ennemi. Bouclier d'énergie lumineuse, c'est là la seule manifestation pour le moment de ton héritage paternel. Tu regrettes de n'avoir que ça et espères qu'un jour, il en sera autrement.

Manipulation moléculaire (niveau 2)
Destruction (Nécrose) moléculaire - La forme actuelle de ton pouvoir est la plus accélérée, il te suffit d'une pensée, d'un regard pour l'activer. Sauf quand il est contrôlé par tes émotions. Si tu le décides, ton toucher peut devenir nocif. Il peut impacter les êtres vivants comme les objets ou attaques magiques, telle que les boules de feu – à défaut de les dévier, il les désagrège –. Il y a ceux qui explosent, ceux qui dispersent et toi, tu tues de l'intérieur. Dans tous les cas, il procure une grande souffrance à ta victime. Poison insidieux qui ne laisse pas le temps à l'individu de comprendre ce qui lui arrive. Morts en cascade des cellules, elles entraînent invariablement le décès. Rapide, en un instant ta cible disparaît. Cendres, désintégration, disparition, explosion, cela dépend de la résistance de ton adversaire. Cependant, cela tant plus généralement vers une annihilation ne laissant aucune trace, sauf une légère odeur passant de la simple fumée à celle de l’œuf pourri qu'on lie facilement à celle du soufre. Venin s'insinuant dans les cellules de ta proie, la gangrène qui ronge la chair, sensation d'acide qui brûle la peau, tu sais comment ralentir le processus pour ne pas causer la mort immédiatement et viser une partie en particulier. Ceux qui ont cru échapper à ton courroux l'ont découvert, bien que tu ne sois plus présente, ton pouvoir continu d'agir en eux, faisant son chemin en ayant comme seul but de les tuer. Seule toi peut arrêter le processus.

Immobilisation moléculaire - Don défensif que tu as hérité de ta mère, permettant de figer, via le ralentissement du mouvement des molécules, des individus, des objets et attaques magique. Contrairement au premier, il te faut user de tes mains pour t'en servir.

Bouclier d'orbes (niveau 1)
Peu de temps après ta naissance, tu as montré tes aptitudes à savoir te protéger par toi-même. Tout personne qui ne t'inspirait pas confiance se heurtait à un champ de force d'énergie, sous forme d'une bulle bleutée. Inébranlable face aux attaques magiques et physiques. Découverte fut faite que par ce processus, tu pouvais aussi protéger d'autres individus.

Perception des auras (niveau 1) Au début, avant même de soupçonner que tu avais ce don, tu ressentais une drôle de sensation lorsqu'il y avait des gens dans un périmètre proche de toi, les poils qui se hérissaient légèrement. Tu n'y as pas prêté attention, puis tu as vu les auras dorées de tes parents. De par tes connaissances, tu savais ce que ça signifiait et sans étonnement, tu vois aussi celles des gens malintentionnés, tel que les êtres malfaisants qui font ton quotidien. Cela touche aussi les humains, aucune race n'est épargnée.

Victoria, prénom symbolisant la réussite, après des années à essayer de te concevoir. Les autres prénoms sur ta carte d'identité, sont un hommage à tes ancêtres récents. Première née, tu as été aimé avant même ta naissance, choyée comme tous ceux qui naîtront dans la famille, tu as eu le droit à toute l'attention dont un enfant a besoin. Parfois même un peu trop, jusqu'à l'arrivée de tes cadets, qui part leur présence, a pu rééquilibrer le tout. Tu t'es révélée être souriante, joyeuse. Exploratrice et dynamique, ta curiosité s'est dévoilée dès ton plus jeune âge. À défaut de pouvoir t'éclipser, tu as trouvé d'autres moyens de t'échapper des endroits barriérés où l'on te mettait, pour partir à l'aventure découvrir les recoins du manoir. Tu étais imperturbable lorsque tu dormais et qu'il advenait qu'un être malfaisant mourrait près de toi. Il y aurait pu y avoir une fanfare, que ça ne t'aurait pas réveillé ! De toute façon, ton premier pouvoir s'est manifesté rapidement, un bouclier d'énergie – bleu, à cause de ton lien de parenté avec un être de lumière –. Avec ça, il ne risquait pas de t'arriver quoi que ce soit. T'en a suscité de l'intérêt en bas, la première née des Charmed Ones, qui plus est, de la plus puissante ! Tu as rapidement fait tes nuits, montrant ainsi les premiers signes de ton côté marmotte. Le matin, ce n'est vraiment pas fait pour toi !

Avant la naissance de Melinda, tu as découvert ton premier don en lien avec la manipulation moléculaire, trop jeune pour réellement t'en souvenir, un membre de ta famille a été blessé sous tes yeux. Tu es rentrée dans une rage folle, l'une des plus grosses colères de ton enfance, ton côté protecteur commençant déjà à se manifester. L'individu n'a pas fait long feu, se retrouvant affectée par ton altération particulière des molécules. Quand il est mort sous tes yeux, même si tu étais habituée à voir les dons de ta mère en action, ça t'a choqué et tu t'es effondrée en larmes, tout sentiment d'animosité s'étant envolé, tu réclamais à grands cris les bras d'un adulte aimant. Pouvoir ancien, cru longtemps disparut dans la lignée, jugé car ayant donné une mauvaise image de la communauté sorcière. Lourd fardeau qu'est le tien à cause de ce préjugé, tu as appris à vivre avec, sans te soucier de l'avis des autres. Tu sais qui tu es, ce que tu vaux et quelle est ta voie.

Ton démarrage dans la lutte contre le Mal fut lent, prudent, très prudent. Lorsque tu étais enfant, tu as dû y participer, même si tes aînés faisaient le job, tu n'as pas pu éviter quelques affrontements. Et mon Dieu que t'as détesté ça ! À chaque fois tu t'effondrais en larmes.  Alors la question s'est posée. Aurait elle le pouvoir de l'empathie ? Ressentirait-elle la douleur des démons ? Non, ce n'était pas le cas. Ce n'était pas ça. Enfin, pas dans le sens auquel on le pense, rien à voir avec la magie. Juste un trait de ton caractère. Et le fait que tu détestais devoir tuer des gens était sans aucun doute lié. D'une certaine manière, c'est toujours le cas aujourd'hui.

Tu as fini par le dépasser, petit à petit, mais dès qu'une créature maléfique tentait de s'en prendre à tes cadets, cette crainte s'évanouissait et une sensation que tu as crue pendant un temps, être de la colère, t'envahissait. C'était de la fureur. Il ne faisait pas bon d'être un démon qu'en on essayait de s'en prendre à eux en ta présence. C'est comme ça que tu as commencé à t'impliquer à ta manière dans la bataille, même si ce n'était pas encore ton rôle. Avant ça, il te fallait vivre ton enfance, ta vie, profiter, avant que l'épée de Damoclès ne s'abatte sur toi.

Au début, tu as été sceptique quand l'on t'a annoncé la bonne nouvelle, maman enceinte, un bébé qui arrive, félicitation tu vas être grande sœur ! Alors, contente ? Tu n'éprouvais pas de jalousie envers le nouvel arrivant, ou plutôt la nouvelle arrivante, juste un peu – beaucoup – d'angoisse. Pour toi, du haut de tes quelques années de vie, tu te voyais là à devoir endosser des responsabilités. Même si tes parents étaient là, même si les adultes étaient présents, qu'ils faisaient tout ce qu'il fallait pour que vous soyez le plus en sécurité possible dans ce monde rempli de danger, un sentiment protecteur t'a immédiatement envahi. Tu ne l'as pas tout de suite montré, en fait, on a même pensé que tu étais en colère, ton visage s'était fermé, tu n'as rien dit, mais c'était un air déterminé qui venait de s'afficher. Une mission venait de t'être donnée et personnellement, tu venais de te fixer un but, ton premier, être la meilleure.

Alors que ton petit frère était encore un nourrisson, tu as découvert qu'un démon était dans sa chambre. Dans l'objectif de le protéger, tu as voulu le détruire, l'effet ne fut pas celui escompté. Celui-ci se figea. Après une seconde de choc, tu oublias la menace latente, trop excitée par ce changement, tu appelas tes parents, voulant leur montrer ce que tu venais d'accomplir. L'inaction de l'individu fut de courte durée et heureusement, il revint à lui-même un instant après l'arrivée de tes géniteurs.

Fan de jeu de rôles, tu t'es faite une bande de copains ayant la même passion. Ils ont su voir au-delà de ton nom et de ton pouvoir. Avec eux, tu as fait les quatre cents coups. Nombre de fois on vous a soupçonné, mais pas de preuves pour vous condamner. Un ange à la queue fourchue. Groupe d'amis soudé, ils sont encore présents dans ta vie.

Enfants, ta sœur, ton frère et toi aviez été enlevés. Votre première fois ensemble dans le tumulte de vos vies. Un démon supérieur avait pensé que c'était une excellente idée – l'idée du siècle – de vous kidnapper. Pour que ça ne se voit pas, il vous avait remplacé par des faux doubles. Ça n'a pas tenu longtemps pour que votre famille suspecte quelque chose et parte à votre recherche. Pendant ce temps, vous étiez en Enfer et il fallait bien se montrer courageux face à l'épreuve que vous viviez. Tu as pris les devants, tu te devais de les protéger et de trouver une solution pour vous sortir de là. T'as morflé, c'est un fait. T'as serré les dents, encaissé. Évidemment, par la suite, tu as fait des cauchemars. Votre mère et vos tantes formaient le pouvoir des trois, étant donné que vous en descendiez, pourquoi ne serait ce pas le cas pour vous ? C'est comme ça que tu t'es prise à imaginer un plan, des plus bancals, tu étais encore trop jeune pour en faire des moins infaillibles. Dans ton esprit, avec de la chance, ça pouvait fonctionner, au pire, ce serait un gros bluff. Tu as réussi à convaincre tes cadets de lier leurs mains aux tiennes et de réciter en boucle ces deux paroles qui avaient traversé ton esprit « Le pouvoir des trois nous protégera. Le pouvoir des trois nous libérera. » Dans sa mort, il fut étonné de découvrir que vous étiez en capacité – si jeunes que vous étiez – de le vaincre. Votre mère et vos tantes aussi le furent, étant apparu peu avant la fin de son annihilation. Nombre de fois il a été tenté de te convertir à l'autre camp, pas un n'est là aujourd'hui pour en parler.

L'adolescence, cette période tumultueuse de la vie, charnière dans la construction d'un individu, rempli de changements et de bouleversements. Les émotions qui deviennent plus intenses, la découverte du sentiment amoureux, les gens qui meurent, les pouvoirs qui se dérèglent ... Ok ok, c'est un peu trop rapide ! Allons-y étape par étape !

Pour commencer, tu t'es lancée dans le bénévolat, apportant ton aide dans un refuge d'animaux de la ville, ça t'a permis de t'épanouir. Hélas, comme tu portes le nom des Halliwell, une créature des enfers a tenté de t'approcher, se faisant passer pour une bénévole de ton âge. Vous étiez devenues amies et tu croyais vraiment en sa sincérité. Ça te faisait du bien d'avoir une amie en dehors de ton univers rempli de magie. Elle t'a vu affronter des épreuves, les hauts et les bas que tu as vécus. Ça t'a peiné quand tu as su la vérité.

Un soir, alors que tu étais en train de te laver, musique trop forte, tu n'as pas remarqué l'autre présence qui venait d'apparaître dans la pièce. Un être des ténèbres t'avait pris pour cible. Une flèche t'a traversé, rentrant par le dos et  ressortant par ta poitrine.  Tu n'as pas eu le temps de ne serait-ce commencer à formuler une pensée, qu'une seconde s'enfonçait dans ta chaire. Une troisième et dernière vint se ficher dans ton organisme avant qu'il ne s'en aille, te laissant seule, gisante sur le sol. Tu essayas de te relever, d'appeler à l'aide. Sans succès, le son  avait été augmenté contre ton gré alors que le poison s'infiltrait dans tes veines. Tu as cru que tu allais trépasser. Des larmes se sont mises à couler sur ton visage, effacé par l'eau déversait par la tuyauterie. Énième traumatisme dans la famille, ton frère t'a découvert, gisante dans la douche, ton sang s'en allant dans la canalisation, inconsciente, souffle faible. Cela choqua bien sûr tout le monde. Lorsque les carreaux furent retirés, tu ne réagis pas, tu étais dans un état d'agonie bien trop avancé. Les émotions se mélangeant entre elles, Kelyan utilisa pour la première et unique fois, sa guérison, hérité de votre père. Pourtant, tu ne te réveillas pas, la magie ne peut pas tout faire. L'angoisse envahit les personnes dans la pièce, que faire ? Attendre. Simplement attendre. Rien d'autre ne pouvait être fait. Les heures passèrent, chaque minute, chaque seconde, semblant être une éternité. C'est à l'aube que tu donnas des signes de réveil, extrêmement affaibli par ce que tu venais de subir.

Tu en gardas des séquelles, ce que tu venais de vivre n'était pas rien. Les antidouleurs normaux ne fonctionnaient pas. Ils ne t'apaisaient pas assez. Ce n'était pas une simple blessure que tu avais eue, il fallait donc passer par d'autres traitements. Bien que le breuvage fût – dégueulasse – infecte, il te soulageait. Et sans t'en rendre compte, tu glissas doucement vers la dépendance. N'arrivant pas à t'en passer alors que tu n'en avais plus besoin. Qui aurait pu croire qu'une telle potion pouvait transformer ainsi une personne ? Toi qui croyais que c'était réservé seulement aux humains ... Le traitement fut drastique, difficile, te semblant par moments insurmontables. Après discussion et selon ta volonté, bien que la décision t'en coûtât, plus une goutte ne te fut accordée. Après moult tentatives, tu trouvas de quoi t'occuper l'esprit, tentant d'éloigner l'addiction par d'autres moyens. Le sport et les casse-têtes. Courir te soulageait et l'escalade te permettait de te concentrer sur autre chose, de te dépasser. Le tout te permettant de t'instaurer une certaine rigueur. De base, tu n'es pas fan des devinettes, mais étonnamment, tu as accroché à ces objets qui te font creuser les méninges. Dans les moments où tu allais mal, où tu pensais – voulais – rechuter, tu te plongeais dans ces énigmes, ne voyant facilement pas le temps passer. Aujourd'hui tu vas mieux, néanmoins, tu n'oublies pas qu'il y a toujours un risque de rechute. Cela fait partie de toi.

En grandissant, tu en as fait chavirer des cœurs ! Le tien se faisait lui-même ensorcelé par des camarades. Tu avais une conception un peu particulière, l'exclusivité, ce n'était pas ton truc. Et toutes les fois où tu as eu une certaine proximité avec d'autres jeunes de ton âge, tu as été très claire sur ta définition du couple. Tu as insisté sur le fait que ça ne voulait pas dire que tu ne l'aimais pas, loin de là, qu'il n'y avait aucune raison d'être jaloux de l'autre, mais que ton palpitant se laissait séduire par d'autres individus. Ceux qui n'acceptaient pas, à regret, tu faisais une croix dessus. Tu ne voulais pas changer pour eux, en tout cas, pas cette partie de toi. Ton amour était à chaque fois sincère, mais rare furent ceux où ce fut intense. La plupart de tes relations ne durèrent pas longtemps, à ton grand regret.

Parmi les élu.es, celleux qui marquèrent véritablement ta vie, il y eu Morgane. Iel te fit découvrir la non-binarité, car iel l'était et cela ne te posa aucun problème. Après tout, chacun est qui il est et tant qu'on se sent bien, c'est le principal ! Iel fut le.la premier.e à te faire ressentir des papillons dans le ventre, te perturber rien qu'à l'énonciation de son prénom, rougir en sa présence. Sa présence t'a aidé dans ton combat contre ta toxicomanie, soutien sans failles. Votre amour était sincère, puissant. Iel étudiait à l'école de magie, c'est comme ça que vous vous êtes rencontré.es. C'est avec iel que tu as franchi le pas, avec qui tu as fait ta première fois, c'était aussi son cas. Vous deux aviez connaissance des risques de votre train de vie, évoluer dans un tel univers n'est guère sécuritaire, encore plus pour les tiens. Malgré tout, quand la réalité vous frappe de plein fouet, elle fait mal. Il y eut une attaque, tu te retrouvas isolée avec iel et arriva ce qui devait arriver, Morgane fut blessé.e, gravement. Tu ne le remarquas pas dans l'immédiat, trop occupée à te battre, ou plutôt te défendre des attaques de ton adversaire. Quand tu réussis à le vaincre, tu vis sa blessure et surtout son état. Paniquée, tu essayas de le.la soigner, en vain. Tu n'étais pas dotée de ce pouvoir. Alors tu apposas tes mains sur la plaie, tentant d'amoindrir l'écoulement de sang qui sortait de sa chair tout en appelant à l'aide. En vain. Iel rejoignit l'au-delà, te laissant seule alors que la bataille avait toujours cours. On te retrouva le.la serrant contre toi, ton corps secouait de sanglots. Les cris que tu poussais dû à ton chagrin ayant alerté de ta présence. Tu demandas, supplias, ordonna qu'on le.la soigne, que quelqu'un le.la réanime. Il fut très difficile de te faire lâcher son cadavre, des heures passèrent avant qu'on ne réussisse. Ce fut pendant cet instant de désolation que ton pouvoir de manipulation moléculaire commença à se déstabiliser, car des éléments dans la pièce furent détruits via ton inconscient, sans aucune volonté de ta part, l'autre partie étant trop embrumée par la perte que tu venais de subir.

La première partie de ton deuil fut une phase d'atonie mêlée aux larmes et à un sentiment de culpabilité, celui de ne pas avoir pu le.la sauver. Tu n'avais plus envie de rien, plus d'énergie pour rien, ne serait-ce que de te lever ton lit. Elle fut remplacée par la seconde phase, celle de la colère. Tu t'en prenais exclusivement aux adultes, épargnant les autres. Tu partais au quart de tour, t'emportant, exprimant ta rage et ton désespoir par la parole et ta magie. Coop prit ses distances, il était l'une de tes cibles favorites – et surtout, de par sa race, cupidon, le symbole de l'amour que tu n'avais plus –. Bien sûr, il ne le prit pas mal, sachant que c'était passager, qu'il te fallait évacuer pour finir par te sentir mieux et c'était là, l'une des raisons qui le poussèrent à éviter ta présence. Il épaula tes parents pour les aider dans l'épreuve que tu traversais.

Voyant ton état général et ce qui se passait avec ton don, en Enfer une idée germa et si on l'augmentait ? Et si on le faisait devenir si puissant qu'il en devienne handicapant . Histoire d'immobiliser l'une des armes magiques de la maison. La surprise te saisis lorsque tu voulus détruire un démon et que tout le rez-de-chaussée disparu avec. Heureusement, tu étais seule ce jour-là. Seule toi fut marquée sur le moment. Tu appelas ta mère, paniquée, lui faisant part du développement que venait de prendre ta compétence. Comme alternative, il fut bloqué momentanément. Il était devenu bien trop dangereux et incontrôlable. Il te fallait toutefois pouvoir te protéger, tu t'armas d'une batte de baseball. Clairement, ça ne ferait pas long feu, mais c'était toujours ça de prit. Elle fut plus efficace que prévu. Avez-vous déjà vu un démon se faire passer à tabac à l'aide d'un tel objet ? C'est violent. Il fallut plusieurs longues semaines – qui te parurent une éternité – pour que le problème soit réglé. Tu avais constamment peur d'user de ta magie. Plusieurs mois passèrent avant que cela redevienne naturel pour toi de l'utiliser. Maintenant, c'est devenu une anecdote que tu racontes.

Ce fut durant cette période que ta dernière faculté apparut. Tu ne t'en doutais pas alors que des signes annonciateurs se faisaient ressentir. Une sensation de poils qui s'hérissent quand il y avait une présence dans les environs, une odeur un peu désagréable aux abords de tes narines – trop faible pour que cela fasse tilt dans ta tête – en présence de représentants du Mal. Maintenant que tu y repenses, ça te paraît évident que c'était lié. C'est un beau jour que ça t'est apparut. En rentrant dans une pièce où étaient tes parents, tu les as vu, leur auras, d'un or brillant, belles, apaisantes. Tu n'avais pas besoin de te renseigner, car de par le savoir que tu avais acquis, tu savais ce que cela représentait. Tu eut un élan de tendresse envers eux, alors que tu les malmenais depuis le décès de Morgane. Tu les serras contre toi et leur dis que tu les aimais. Hélas, il te révéla la vérité sur la personne avec qui tu avais tant sympathisé au refuge. Tu n'as jamais compris pourquoi, mais cette évolution t'aida à avancer.

Le sport t'a aidé à évacuer. Tu as multiplié les activités, t'y investissant, t'y perdant. Accro, ça te permettait de te dépenser, de te défouler, de libérer ta rage, ta peine, ta tristesse, ton désespoir. Néanmoins, tu n'étais pas encore en état de reprendre un train de vie normal. Une idée fut proposée et si tu t'éloignais un peu ? C'est un environnant qui n'était certes pas toxique, mais qui ne te permettait pas de complètement te reconstruire. Après discussion et décision, tu partis faire ton premier voyage. Te séparer de ta famille te fut dur, tu espérais que ton absence ne marquerait pas les plus petits. Tu avais confiance en eux pour se débrouiller sans toi, ta mère beaucoup moins. Demande a été formulée de t'attribuer un être de lumière. Ton père était plus partisan de te faire confiance et de te coller un sort pour alerter si tu étais en danger. Il ne fallut pas longtemps pour que l'idée soit abandonnée, celui-ci les rendant dingues à force de sonner. C'est que tu t'en doutais, tu as donc trouvé un moyen pour qu'ils te lâchent. En ce qui concerne ton protecteur, il fallut un bon mois pour qu'il demande à changer de protégée. C'est que c'est têtus ! L'histoire ne raconte pas si un autre a pris sa place ...

Séjourner seule à l'étranger était totalement nouveau pour toi. Toute cette nouveauté te fit un bien fou. Le tourisme ne te suffit pas, il te trouva d'autres occupations. Toi qui étais du genre indépendante depuis toute jeune, cela t'aida à t'épanouir. Tu multiplias les expériences et te pris de passion pour les sports plus extrêmes, au grand dam de tes géniteurs. Déjà adepte des grandes marches, la randonnée te fit le plus grand bien. La coïncidence – ou pas – fit qu'à l'approche des fêtes de fin d'année, tu te sentis suffisamment bien pour retourner à San Francisco. Avec joie tu retrouvas ta famille et tes amis. Ils t'avaient manqué pendant ta reconstruction. Tu t'excusas auprès de chacun pour ce que tu leur avais fait vivre. Coop te rassura sur ce point, selon lui, il n'y avait rien à excuser, il ne t'en voulait pas, comprenant parfaitement.

À défaut d'être capable de guérir, tu t'orientas après une sérieuse réflexion vers la médecine. Si tu ne pouvais pas le faire via la magie, tu apprendrais à soigner. Il faut là, prendre en compte, que depuis toujours, les métiers se sont bousculés dans ta tête. Médecin, astronaute, avocate, chef cuisinière – comme maman ! – aventurière etc . ils ont bien dû tous passer au moins une fois dans ton esprit. Pourquoi se cantonner à un seul travail, à une routine, quand on peut les multiplier ?! Être monotâche, ce n'est vraiment pas ton truc. Encouragée par le clan, tu te lanças dans les études. Ce fut dur, surtout la première année – ce que tu compares aujourd'hui comme de l'apnée -, soutenu par tout le monde, aidait par ton père et ses connaissances, tu avanças et te sentit plus assurée. Chaque année passant affermissant ton désir d'être médecin, ou plutôt chirurgienne. C'est ce qui t'a toujours botté. Trifouiller dans le corps des gens. Ou plutôt, une sorte de défi à relever, car il faut être la meilleure pour exercer ce travail plein de finesse et de subtilité. Tu donnais parfois des coups de main dans le restaurant de ta mère, ça te donnait la possibilité d'avoir du répit entre deux cours. Melinda t'emboîta même le pas. Tu te voyais déjà, toutes les deux, en train de bosser ensemble ! Tout allait bien dans ta vie.

Ton univers s'est écroulé quand Daryl te l'a annoncé, la première à apprendre la nouvelle. Ça t'a détruit, comme une bombe qui explose, un ouragan qui passe, un raz-de-marée. Ils étaient morts. Tous. Sans exception. Et vous étiez à présent seuls, seuls face à l'immensité du monde, seuls face à vos responsabilités. Tu t'es effondrée, t'as crié, hurlé à en perdre la voix, t'as pleuré, tu t'es débattue, t'as voulu tous les tuer ces enfoirés d'être maléfiques. Puis tu t'es relevée, rapidement, tel était ton rôle. Être un phare dans la nuit., un roc en pleine tempête. Tenir pour les autres. Serrer les dents et avancer. Car sinon comment faire ? Comment réussir à vivre après un tel drame ? Quelle douleur tu as ressenti quand tu as dû identifier les corps à la morgue, tu as cru que tu ne pourrais jamais t'en relever ! Voir les visages sans vies de tes parents, de tes tantes et de tes oncles, c'était tellement dur. Encore aujourd'hui, tu ne supportes pas ce souvenir. Tu n'étais bien sûr pas seule, soutenue tant bien que mal.

Ça t'a à peine surpris lorsque vous avez été attaqué, juste après l'enterrement. C'était une opportunité à prendre. À la réflexion, tu aurais probablement fait de même, si tu avais la même éthique qu'eux. Là, aussi, ça t'a fait souffrir. C'était se prendre de plein fouet la réalité dans la gueule. Vous étiez à présent le nouveau rempart face au Mal. Longue fut la lutte pour redonner un équilibre dans cet affrontement éternel. Un repli stratégique au manoir fut rapidement décidé. Si vous vouliez survivre, c'était la meilleure chose à faire. Vous alliez devoir apprendre à vivre les uns avec les autres, bien qu'auparavant, vous vous côtoyiez déjà régulièrement, ce n'était clairement pas la même chose de devenir colocataires. Certains étaient encore des adolescents, parfois vers la fin, mais il n'en restait pas moins que vous étiez tous jeunes, trop jeunes pour le poids qui venait de tomber sur vos épaules. Blessure en plus, coup de poignard assené par un proche, tu ne t'attendais pas du tout à ce qu'a fait ton petit frère. Vendre le restaurant de votre mère, sans votre accord et partir avec l'argent. En plus de la colère due à la trahison, tu as été submergé par l'inquiétude, n'arrivant pas à le joindre, à le localiser, n'ayant aucune nouvelle de lui. Comment être sûre qu'il était en vie ? Enfin, aussi bien que l'on peut aller quand on vient de perdre ses parents. Même s'il a un pouvoir offensif, tu étais loin d'être rassurée alors que vous subissiez un harcèlement démoniaque. Cela devait être sans doute son cas, non ? Tu n'arrivais pas et aujourd'hui encore, tu n'arrives pas à comprendre pourquoi il a fait ça. Pourquoi ? Juste pourquoi ? S'il avait si besoin d'argent, pourquoi ne pas l'avoir demandé ? Vos géniteurs avaient pu mettre des finances de côté, en prévention de leurs décès.

Bien qu'il vous ait été légué une certaine somme, ils n'étaient sans doute pas préparés à l'idée que vous devriez l'utiliser si rapidement. Dans les deux sens du terme. Ils devaient sans doute s'attendre à avoir plus de temps. Mais aussi, l'argent se réduit rapidement quand brusquement on doit gérer huit personnes. Alors tu as pris la décision de cumuler études et emplois. Bien que ce ne soit pas la meilleure des configurations pour toi, ça l'était pour payer les factures. Heureusement, tu ne dû pas le faire immédiatement. Même pas durant la première année, mais la réflexion fit son chemin dans ton esprit, tu as dû t'y résoudre. Tu n'as pas eu peur de te mettre à la tâche, tu savais que ce serait dur, mais c'était la meilleure chose à faire. Tu t'es donc mise à cumuler des petits boulots, bien que ça ne te ravisse pas, faire médecine est loin d'être de tout repos. Tu as notamment travaillé – en partie – de nuit dans une supérette. C'était un travail qui te plaisait grâce au calme – il y avait bien plus d'activité la journée – et la possibilité qu'il t'était offert de pouvoir réviser tout en travaillant.

Arme à la main, pointait sur ton visage, l'individu qui te braquait ne s'attendait pas à un tel aplomb de ta part. Habituée aux attaques des démons, au danger, ça ne t'a pas plus inquiété que ça d'avoir un pistolet qui te menaçait. Fatiguée, blasée par la situation, tu as simplement dit « Non » lorsqu'il t'a été demandé de donner la monnaie dans la caisse. Analyse de la situation faite, tu as considéré que le flingue n'était pas chargé, juste présent pour effrayer. Si tu n'étais pas habituée, tu aurais sans aucun doute obtempéré. Ça l'a déstabilisé. En fait, tu t'es même énervée contre cette inconnue, agacée, ayant besoin de te défouler. Ce fut simple, tu lui demandas si elle croyait vraiment être la seule à avoir une vie dure, compliquée. Tu lui racontas ta vie, alors qu'elle te demandait de te taire et te répéta de donner l'argent. Tes parents morts, devoir gérer le reste de ta famille, tes études qui tu voulais réussir et ce boulot que tu devais faire pour que tout ce petit monde puisse vivre sa vie tranquillement. Alors soit elle achetait quelque chose, soit elle postulait – car le patron, un type venu lui aussi d'un quartier défavorisé, recrutait et donnait sa chance à ceux qui voulaient s'en sortir – soit elle se tirait. Et non, tu n'allais pas appeler la police. À quoi ça servirait ? Juste à rendre vos vies plus compliquées. Putain que t'en avais pas envie !  Mais attention, elle devait choisir vite, car une patrouille venait régulièrement faire ses emplettes en soirée et l'horaire approchait.

Aussi étonnant que ça puisse paraître, ça a fonctionné ! La personne est revenue, après avoir fui et en travaillant ensemble, vous avez tissé des liens forts d'amitiés. La surprise fut pour vous deux, lorsqu'il y eut découverte – par accident – de la magie et de ton rôle dans tout ça, du rôle des Halliwell. Enfin plutôt, tu fus étonnée que ton amie accepte la nouvelle aussi facilement. C'était un bouleversement dans sa vie, dans sa vision du monde. Probablement une exception parmi tous ceux qui ont eu "la chance" de faire cette découverte. Ça a renforcé vos liens, alors que tu pensais que ça vous aurez éloigné. Le temps a passé et à présent, son travail consiste à aider les autres, à ce qu'ils s'en sortent, comme elle l'a fait, grâce à toi. Elle a décidé de rester habiter à Bayview, pourquoi les laisser tomber comme tant d'autres auparavant ? Non, elle veut poser sa pierre à l'édifice, veut pouvoir aider à son niveau et c'est ce qu'elle essaye de faire chaque jour.

Les venger. Voilà une idée qui te tient depuis qu'ils sont morts. La vengeance ne fait pas bon ménage, surtout avec toi. Des années sont passées, mais tu ne l'oublies pas. Tu as instauré une forme de démocratie dans votre nouvel écosystème, un bon moyen pour que tout le monde soit entendu et que toutes voix soient prises en compte. Tu t'es évertuée à essayer de faire en sorte qu'aucun ne se sente rejeté, que tous se sentent intégrés, avec plus ou moins de réussite. Ton quotidien était dur, épuisant, mais comme avant et encore maintenant, tu tentais d'être là pour chacun. On se demande comment tu as réussi et que tu arrives à tout faire et prendre du temps pour toi. A vrai dire, tu as encore cette sale manie de faire passer les autres avant toi. Tu as dû t'adapter rapidement et tu es parvenue pendant des années à jongler, tant bien que mal, à jongler entre : gérer les deuils et manques de chacun – à défaut du tien – le combat contre le Mal, devenir une des leaders du Bien, tes études et tes jobs. Grâce à l'aide régulière de tes défuntes grands-mères, tu t'es sentie plus épaulée. Avec l'épreuve que vous avez dû affronter, tu as développé des troubles du sommeil, notamment de l'insomnie – à force de veiller la nuit et d'être aux aguets – qui est encore présente aujourd'hui. Cette histoire t'a bien bouffé ... Tu as tenu des années, plus longtemps que tu ne l'aurais cru, avant de flancher, avant de ne plus en pouvoir et de t'écrouler. Un burn-out peu avant la fin de tes études, avant la ligne d'arrivée, d'atteindre ton but : devenir médecin.

Tu ne sais pas quel événement en particulier l'a provoqué, a fait que tu t'es effondrée. C'est arrivée du jour au lendemain. Tes nerfs ont lâché, tu étais au bout du rouleau. T'as été obligé de plus te reposer sur ta famille, plus que tu ne le faisais déjà. Tu as détesté cette sensation de vulnérabilité, de fragilité, cette impression d'être inutile ou en tout cas, moins. Ça t'a fait sentir encore plus mal. Trois petites phrases – tremblotantes – représentent bien l'état dans lequel tu étais « Je veux maman et papa ... Pourquoi sont-ils partis ? Pourquoi ? » un consensus a été établi, il te fallait souffler, prendre une pause et s'il le fallait, on allait t'y obliger. Récalcitrante durant la discussion qu'il y a eu, tu ne voulais pas – ce que tu considérais comme – les laisser tomber. Avec l'avis général, tu t'es retrouvée éclipsée loin de chez toi avec une valise. Repos forcé. Nerveuse à l'idée qu'ils se retrouvent seuls sans toi – ayant besoin de te raccrocher à cette idée pour en quelque sorte, te rassurer – tu n'as pas pu t'empêcher de stresser. Impossible de contrôler ce qui se passait. Mise à l'arrière, il t'était impossible de jouer ton rôle, toi qui avais fini par être habituée d'être en quelque sorte, la matriarche de la famille. Ça t'a aidé à mieux déléguer, bien que tu le fasses déjà avant, même si tu préfères toujours être présente ou le faire toi-même. Fébrile, bien qu'on puisse le croire en lisant ces lignes, tu avais confiance en eux pour savoir se débrouiller sans toi. Tu t'en veux un peu aujourd'hui, pour ce que tu considères comme les avoir lâchés. Alors que pendant toutes ces années, tu as fait de ton mieux pour être infaillible. Tu les as fait passer en premier, avant toi et ta santé. Grâce à ça, tu as commencé à te reconstruire, toi qui n'avais pas pris de temps pendant toutes ces années, pas assez, trop concentrée à tout supporter. Tu te sentais seule, malgré le fait que tu étais bien entourée. Beaucoup trop de pression sur tes jeunes épaules, pas assez prête – même si entraînée – à prendre la relève.

Tu as voyagé, faire moult rencontres et vécue tant d'aventures. Ça t'a fait un bien fou ! Tu es reconnaissante envers tes proches de t'avoir forcé la main. Tu as cherché à découvrir les autres formes de magie, rencontrée d'autres sorciers et sorcières à travers le monde. Tu es revenue pompière, ce qui n'était clairement pas le but de la démarche. Quand on te demande comment tu t'es retrouvée à faire un tel métier, tu ne sais pas quoi répondre, car toi-même, tu ne le sais pas. Tu as cette étrange impression de t'être retrouvée du jour au lendemain en pleine formation. Tu as morflé. L'un de tes instructeurs t'a pris en grippe, il a essayé de t'enfoncer, de te faire abandonner. C'était mal te connaître ! Contrairement à l'effet attendu, ça a renforcé ton envie d'y arriver, de réussir. Une volonté de fer. Il pensait que tu n'y avais pas ta place. Tu allais lui prouver que ce n'était pas le cas ! Il n'en est pas ressorti que du négatif, là-bas, tu y as rencontré celui que tu considères comme l'un de tes plus proches amis, ton binôme dans votre métier. Ça a tout de suite fonctionné entre vous, complices dès l'instant où vous avez commencé à parler. Vous vous comblez l'un l'autre. Tant que plus d'un pense qu'il suffirait de peu pour que vous soyez en couple. Pourtant, ce n'est pas votre volonté, votre intention. Il n'y a pas d'ambiguïté entre vous. Rien ne vous voue à l'être.

Ta fortune s'est faite peu de temps avant ton retour à San Francisco. Parmi les péripéties que tu as vécues, c'est bien là l'une que tu n'aimes pas raconter. Ça peut paraître bête, mais tu es mal à l'aise avec. Ce n'est pas parce que tu as beaucoup d'argent que tu vis comme si ça l'était. Tu n'es pas des plus dépensières, même si tu aimes te faire plaisir et faire des cadeaux à tes proches. Tu donnes à des œuvres caritatives, à la recherche, aux autres, après avoir enquêté, pas de risque irréfléchi. Chaque don est anonyme, tu n'aimes guère être sous le feu des projecteurs et ne vois pas l'intérêt de t'en vanter, ça te paraît juste naturel. La vérité, c'est que tu ne sais pas trop quoi en faire. Tu n'as jamais voulu tout ce fric ! et pourtant, tu l'as. Tu as bien des projets en tête, des envies personnelles, mais de là à les concrétiser ... Bloquée à l'aéroport de Las Vegas à cause d'une tempête de sable, ne trouvant rien à faire pour t'occuper, tu t'es laissée tenter par les machines à sous. Foutue main gagnante ! À peine avais tu lancé les rouages que tu t'es retrouvée riche. Prise au dépourvu, tu as abhorré tous ces regards qui se sont posés sur toi.

Condition sine qua non à ton retour en ville, que tu ailles mieux. C'est un fait, tu n'es plus autant oppressée qu'auparavant. Il n'en reste pas moins que tu as toujours cette fichue habitude à vouloir être sur tous les fronts. À peine revenue, tu as recommencé à t'investir dans la bataille, c'était une évidence. Tu as aussi appris que ton petit frère était revenu. On ne peut pas dire que votre premier contact fut des plus calmes. Tu n'as pas pu t'empêcher de l'engueuler, déversant ce que tu avais ressenti, besoin de t'exprimer sur tes émotions. Puis, tu lui as fait part de tes inquiétudes. C'est que tu l'aimes ce p'tit con. Dans la foulée, tu as fait connaissance avec son compagnon, un incube. Est-ce que tu t'y attendais ? Non. Est-ce que tu l'as mal pris ? Non plus. Qu'il sorte avec qui il veut, de tels sentiments ne se contrôlent pas, on ne choisit pas de qui on tombe amoureux. Tu ne juges pas la nature de cet homme, il n'a pas choisi de l'être, comme tu n'as pas choisi d'être une hybride. Seuls les actes comptent.

À ta demande, tu as été affecté à une caserne de Bayview. Quartier précaire, sujet à la délinquance et à la violence. Tendance à être oublié et invisibilisé par la communauté de San Francisco, tu as décidé que ce ne serait pas ton cas. Tu veux aider les habitants. Pas question de les laisser tomber ! Tu as tout fait pour que ton lieu de travail soit une zone safe. À ce jour, pas d'attaques démoniaques ! Savent-ils seulement que tu y travailles . Tu as fait de ton mieux pour que non. Ça te fait du bien d'y être, un endroit où tu peux souffler, avoir l'impression de vivre une vie normale. Le hasard fait bien les choses, tu y as retrouvé ton acolyte. Parmi les cicatrices qui marquent ton corps, une blessure t'a amené à rester plusieurs longs mois à l'hôpital, dont une partie dans le coma. Brûlure sévère au dos dû à une tentative de sauvetage. Tu y as sacrifié ta peau sans regret. À ton réveil, ta première pensée, ta première phrase a été pour celui que tu avais voulu sauver par ton action. Hélas, ton collègue avait péri peu après son arrivée aux urgences. Tu l'as très mal vécue, encaissant avec difficulté sa perte. Tu avais fait ton maximum et cela pourquoi ? Pour rien, car il n'était plus là. Le chemin fut long jusqu'à ton rétablissement, en particulier avec ton refus de prendre des antidouleurs. Crainte de retomber dans tes travers. Le minimum t'a été administré, tu as serré les dents et tu y es arrivée. Heureusement, pas de rechute, en fait, tu n'en as pas ressenti le besoin. Est-ce parce que tu n'en as pas eu beaucoup ? Que tu as eu de la chance ? Ou que tu as été assez forte pour y arriver ? Un coup de pouce magique y est peut-être pour quelque chose ...

Entre l'aide au 911 – remplacement que tu fais à l'occasion – ton bénévolat, les fois où tu as fait des missions humanitaires – ne pouvant supporter de rester inactive face aux désastres dans le monde – et tes activités magiques, tu as de quoi t'occuper. Tu te surprends parfois à parler dans le vide, comme si tes parents étaient là. Ça t'aide à réfléchir. À supporter tout ça. À défaut de te confier à un psy. Comment voulez-vous aborder un tel sujet ? Il y a ces moments où tu as besoin de tout plaquer, pour évacuer, ne pas exploser, souffler un bon coup. De t'en aller, tout couper. C'est toujours là au fond de toi. Tu sais que ça ne donne pas une bonne image de toi, mais tes proches le savent, si tu ne faisais pas ça, qu'adviendrait-il de toi ? Alors tant pis pour les regards, les paroles murmuraient, tu t'en fous, tu en as juste besoin. Tu te retrouves dans des expéditions en pleine nature, mais aussi à visiter d'autres métropoles. Tu aimais déjà prendre en photo tout et n'importe quoi, une sorte de lien avec ta tante décédée. Puis tu t'es découvert une passion pour la photographie des paysages et des animaux. Se cacher, se faire discrète, attendre des heures s'il le faut, pour tenter d'entrapercevoir la bête que tu cherches. Ceux qui pensent que tu es impatiente par ton côté impulsif se trompent, cette activité le démontre. Ce passe-temps est très personnel pour toi. À l'occasion, tu as emmené certains le découvrir. Est-ce qu'un jour ta vie sera calme ? Tu en doutes.